INSECURITE SUR L’AXE BANUI-GAROUA-BOULAYE (Route nationale 3)

Depuis des années, le Front Démocratique du Peuple Centrafricain (FDPC) de Martin Koumtamadji alias Abdoulaye Miskine regroupant essentiellement les originaires de Kabo et Sido, entretient l’insécurité sur la route nationale 3 (RN3).

Cet aventurier tantôt tchadien, tantôt centrafricain, a longtemps combattu le Président Deby aux côtés de Moïse Kété, cet homme politique tchadien qui de son vivant a lutté pour la création d’une république du Logone.

L’introduction de Miskine en RCA est l’œuvre du Président Patassé qui a fait de ce baroudeur un « Général » après qu’il ait massacré les commerçants musulmans à la sortie nord de Bangui.

L’occupation d’une portion de cette route nationale entre Baboua et la frontière du Cameroun, lourde de conséquences pour l’économie centrafricaine, est dictée par des considérations pécuniaires. A la faveur des barrières installées par ces bandits, des taxes sont prélevées systématiquement sur les motocyclistes, les propriétaires des véhicules, des camions, bref sur tout ce qui bouge.

Les convois des centaines de véhicules en provenance du Cameroun qui, deux fois par semaine passent la frontière à Beloko, ne sont pas épargnés malgré la présence de l’escorte de la MINUSCA. Une véritable aubaine pour la clique de Miskine qui s’est enrichie au vu et au su des autorités centrafricaines avec la complicité de la MINUSCA qui a laissé prospérer ce racket.

Selon la Banque Africaine de Développement, l’un des bailleurs de fonds du bitumage de l’axe Bouar-Garoua Boulaye, qui a envoyé une mission de contrôle sur cet axe, chaque voyage rapportait 27 millions de francs à ces malfrats.

Miskine et sa bande de racketeurs ne se sont pas contentés d’arnaquer les voyageurs, leur présence est une source d’insécurité permanente dans la zone. Les villages camerounais étaient  fréquemment investis par les hommes de Miskine qui pillaient et tuaient les paisibles citoyens camerounais.

La réaction musclée du Gouvernement camerounais qui a dépêché des éléments des BIR a permis de neutraliser ces bandits et d’arrêter leur chef Miskine déféré à la maison d’arrêt de Yaoundé. Il doit sa libération en 2015 au Président Sassou Nguesso qui a réussi à convaincre le Président Paul Biya que Miskine libre contribuerait à a paix en RCA. Ramené à Brazzaville à bord de l’avion du Président Sassou, il était aux soins du président congolais jusqu’à une époque récente. Une certitude cependant ; il a toujours ses entrées à Brazzaville et OYO.

L’insécurité qui sévit toujours sur le RN3 malgré le fameux accord de Khartoum interpelle le gouvernement centrafricain, le Président Sassou et la MINUSCA.

Le gouvernement centrafricain connaît mieux que quiconque l’importance de cet axe pour notre économie et devrait veiller sur sa sécurisation comme si c’était la prunelle de ses yeux. Or que constatons-nous ? Mr Miskine  et sa bande ont réussi l’exploit de bloquer la circulation sur cette voie pendant deux semaines provoquant ainsi la pénurie des produits de première nécessité et la hausse de leur prix.

Et pourtant si l’on prend au mot le Gouvernement, il dispose maintenant des moyens pour débarrasser cette zone des hommes de Miskine. N’es-ce-pas le Gouvernement qui n’a de cesse d’annoncer qu’il a formé 4500 FACAS avec l’aide de l’EUTM, de la Russie et des pays africains ? Le gouvernement n’a-t-il pas annoncé à grand renfort de publicité qu’il a reçu des armes de la Russie, et 48 véhicules de transport de troupes des Etats-Unis ? Où sont ces militaires formés et les moyens mis à disposition de notre armée ? Au lieu d’envoyer un petit nombre de FACAS qui font la navette entre Bouar et Garoua Boulaye comme c’est le cas actuellement, il est préférable d’installer un contingent conséquent dont la mission est de pacifier cette portion du territoire comme du reste le gouvernement camerounais a réussi à le faire dans sa zone de juridiction. Faut-il rappeler au Président Touadera que les sacrifices financiers des pays amis doivent effectivement profiter à notre armée et à notre pays ? Les militaires des FACA n’ont pas été formés pour monter des gardes à Bangui au domicile des autorités mais être présents sur le théâtre des opérations.

Et notre diplomatie dans tout ça ? Totalement absente comme à son habitude. Si on avait une diplomatie digne de ce nom, elle se serait manifestée à l’occasion du blocus de la route nationale 3 par les sbires de Miskine en interpellant le Président congolais qui reste toujours le soutien du Président du FDPC.

Pourquoi le Président Touadera si prompt à prendre l’avion pour aller à Bruxelles ou Paris, n’a-t-il pas fait le voyage de Brazzaville pour évoquer ce dossier avec son voisin et homologue du Congo ? Un peu de courage politique ferait du bien à notre pays.

Notre seconde interpellation vise précisément le Président Sassou Nguesso qui s’est beaucoup investi en faveur de la paix en RCA mais dont l’attitude frisant la complicité avec Abdoulaye Miskine nous laisse dubitatif. C’est au nom de la paix que le Président Sassou en charge du dossier centrafricain a négocié et obtenu du Président Biya  la mise en liberté de ce délinquant dont les actes à l’instar du blocus de la RN 3 sont aux antipodes de la paix.

Si le président congolais est toujours attaché à la paix dans notre pays, il doit mettre à profit le dernier acte crapuleux posé par son protégé pour le neutraliser et calmer ses pulsions agressives. A défaut de le livrer aux autorités centrafricaines pour crimes économiques et crimes de sang.

Enfin, la dernière interpellation est réservée à la MINUSCA dont le comportement sur le terrain n’est pas étranger à l’arrogance affichée par le FDPC. Pendant des années, ce mouvement rebelle a organisé et mis en place un système de racket des passagers et véhicule au départ de la frontière et ce, sous les yeux des forces de la MINUSCA chargées de sécuriser les convois hebdomadaires à destination de Bangui. Des millions de francs ont été ainsi engrangés par ces bandits qui forts de ce butin ne peuvent que narguer le gouvernement.

Le Blocus de cet axe a pris fin grâce à la destruction par la MINUSCA du village où étaient concentrés les rebelles de Miskine mais cela ne signifie pas la sécurisation du corridor dans la mesure où dispersés, ils entretiennent toujours l’insécurité entre Beloko et Baboua. La MINSCA doit revoir sa stratégie en favorisant l’implantation d’une base qui aura la charge de les traquer dans leur dernier retranchement et les mettre hors d’état de nuire.

Le Gouvernement centrafricain, la MINUSCA et le Président Sassou doivent se concerter pour arrêter une stratégie idoine susceptible de sécuriser définitivement ce corridor considéré comme le poumon économique de la RCA.

L’initiative d’une telle concertation revient aux autorités centrafricaines mais oseraient-elles le faire ?

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